Comment sécuriser les lieux pour éviter les intrusions ?

Sentiment de mystère et d'interdit, sensation de déambuler dans des décors de cinéma d'anticipation. Ce sont ces notions qui sont à l'origine de l'engouement pour l'Urbex, contraction d'exploration urbaine, pratique qui tend à se développer, en France comme ailleurs. L'Urbex consiste, en toute clandestinité, à visiter des lieux construits puis laissés à l'abandon, ou bien non encore terminés, comme les chantiers de construction. Plus l'accès est difficile et réglementé, mieux c'est, la notion de braver l'interdit étant centrale. Cette pratique s'est développée dans les années 1980, notamment à Paris, avec la mode consistant à explorer les sous-sols de la capitale et ses fameuses catacombes. Rapidement, la pratique s'est élargie aux friches industrielles, où la nature a repris ses droits, à d'anciennes casernes militaires, etc... Le développement d'internet et des réseaux sociaux a contribué à l'essor de la pratique, les échanges d'expériences et les suggestions de lieux à explorer étant devenus très faciles. En plus de l'exemple des catacombes de Paris, d'autres lieux en Europe et dans le monde entier sont devenus « cultes ». Berlin, sa riche histoire, sa particularité d'avoir été deux villes en une écartelée entre deux systèmes est une ville où les friches ne manquent pas, avec une forte empreinte symbolique. Le village des jeux olympiques de 1936 est devenu un lieu incontournable pour les urbexeurs photographes. On peut également citer Pripyat, en Ukraine, située tout près de la centrale de Tchernobyl, ville fantôme au cœur de la zone interdite depuis l'accident nucléaire de 1986. Mais, si l'Urbex mêle fascination pour l'histoire et goût pour l'aventure, sa pratique n'est pas sans risques et pose des questions concrètes de sécurité et de responsabilité en cas d'accident. Limiter les intrusions sur des sites interdits est aussi un enjeu.

batiment abandonné urbex

Comment limiter les intrusions ?

Si éviter tout risque d'intrusion est difficile, il est possible de le limiter. Les barrières de chantier restent le meilleur rempart, au sens propre et figuré. Une délimitation du périmètre concerné est impérative pour déterminer les points de vulnérabilité et éviter de laisser un accès trop aisé. Il faut aussi déterminer le nombre d'accès à laisser aux professionnels susceptibles d'intervenir sur le site et leur nature. Des portails plus ou moins larges permettront de pénétrer sur le site à pied ou avec un véhicule. Véhicules de chantier, véhicules de secours, un accident étant toujours possible, intrusion ou pas. Installation de portails roulants, électriques ou mécaniques, ou simplement mécaniques, c'est à voir. La nature des barrières doit être envisagée sous différents aspects.

Au-delà de la hauteur, des barrières opaques offrent moins de points d'accroche possibles pour être escaladées que des barrières grillagées. Mais il faut tenir compte de l'environnement direct du site et s'assurer qu'opacifier un grand périmètre ne va pas générer d'autres nuisances pour d'éventuels riverains. Le poids et le système de pose des barrières sont à prendre en compte. Des barrières filantes classiques ont l'avantage de se déplacer et de se poser facilement, mais il peut être assez simple de sectionner les attaches qui les relient et de s'introduire sur un site en se glissant entre deux barrières. Des barrières lourdes, qui se fixent entre elles à différents points, sont plus sûres. Mais leur installation est aussi plus fastidieuse. Déterminer le temps durant lequel ces clotures de chantier resteront en place est un autre point important. Dans tous les cas, diverses solutions existent.

Quels sont les risques pour les urbexeurs ?

Les pratiquants de l'Urbex se veulent responsables et ont érigé leur code de bonne conduite.

Un urbexeur est invité à respecter les lieux qu'il visite, à éviter les dégradations et les nuisances de toutes sortes. Un urbexeur ne doit pas prendre de risques inutiles, disposer d'un kit de secours. Ce qui ne veut pas dire que risques et accidents n'existent pas. Au niveau de l'intégrité physique, explorer des lieux abandonnés ou non encore terminés expose à divers aléas : effondrement de structures ou matériaux, présence de substances nocives ou toxiques comme l'amiante. Même si les graves accidents sont rares, il est arrivé que des urbexeurs trouvent la mort.

En outre, l'Urbex reste une pratique interdite, ce qui signifie que les urbexeurs s'exposent à des sanctions. Dans le cas d'intrusions sur des lieux privés, des arrêtés préfectoraux et autres règlements internes à l'entreprise propriétaire des lieux prévoient des sanctions. Les urbexeurs risquent de se retrouver en garde à vue et d'être condamnés à des peines de travaux d'intérêt général ou à des amendes. Dans le cas d'intrusions sur des lieux publics, les accusations peuvent aller jusqu'à l'espionnage ou la mise en danger de la sûreté d'état, selon la nature des lieux visités. Mais ce cadre juridique ne dédouane pas les responsables de chantiers ou autres lieux de prendre des précautions pour éviter les intrusions, sous peine de se voir accusés de défaut de sécurisation.

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